Portraits de femmes

Interview Isabel Sitbon : directrice agence 6-12

Interview : suite 2

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Femmezine : alors, concrètement, cela se traduit par quoi ?

Nous sommes en ce moment en train de développer des programmes. On ne passe pas de la vaccination à l'éducation comme ça. Il faut pouvoir mettre en place des programmes ambitieux, étatiques. Nous sommes une agence indépendante, je crois qu'il est bon de le rappeler. Et pour permettre cette indépendance à l'échelle planétaire, on travaille dans tous les pays qui nous sollicitent, avec des relais locaux. Les programmes que nous mettons en oeuvre sont toujours issus d'un constat, sur le terrain, concret. Par exemple, je me suis rapprochée de l'audiovisuel. J'ai eu la chance de pouvoir me rapprocher de personnes travaillant au niveau de la jeunesse par le biais des nouvelles technologies. Aujourd'hui, je développe des programmes qui les utilisent pleinement, ainsi que l'image, en sollicitant les enfants à créer leurs propres images. Dans les pays en guerre, nous avons remplacé les fusils par des caméras !  J'ai fait le pari d'importer cette idée en France. Ici, il n'y a pas de fusils, mais des jouets violents !

Je suis en train de monter un programme avec des instances politiques, qui sont sollicitées actuellement, donc je ne peux les nommer aujourd'hui, et qui permettent de donner aux enfants la possibilité de s'exprimer avec une caméra et des outils audio-visuels. Cela part d'un double constat : le premier est que dans nos pays, les enfants sont scotchés devant la télévision et plus en plus touchés par l'obèsité. Et dans les pays en guerre, où la répression est forte, on les empêche de parler, on les force à regarder des scènes qui ne sont pas de leur âge, tout en les laissant crever de faim ! L'idée est de mettre ces enfants en phase avec la possibilité de s'exprimer, un des articles de la convention des Nations Unis pour la protection de l'enfance. En France, je cherchais parallèlement une idée pour lever les enfants de la télé, les encourager à prendre de la distance, devenir critique face aux images qui les abreuvent chaque jour. On peut noter qu'un enfant de 18 ans est resté autant devant la télévision que sur les bancs de l'école ! Donc, aujourd'hui, on peut avoir conscience de l'importance de l'enjeu ! Je me suis dit : « si je veux résoudre cette double problématique, il faut réunir les états, les professionnels de l'audiovisuel et ceux de la pédagogie, pour donner aux enfants des programmes qui leur permettent de s'exprimer et de faire leurs propres images » ! C'est ce que je suis en train de mettre en oeuvre actuellement avec un certain nombre de professionnels.

Femmezine : concrètement, qu'est ce que c'est que ce programme ?

Cette initiative existe dans une dizaine de pays aujourd'hui, le fait de donner des caméras aux enfants, pour filmer leur vie, le monde qui les entoure. Cela a donné naissance à autant de festivals. C'est ce festival que j'importe en France. Il se nomme le Kids for Kids Film Festival - il implique des professionnels de l'audiovisuel et de la pédagogie - Un jury sélectionne les films dans le cadre de ces festivals. Ce sont les enfants eux-mêmes qui filment, c'est ce qui a retenu notre attention, c'est vraiment la transmission d'un savoir entre les adultes et les enfants, et les clés d'un monde virtuel où l'enfant est en train de se positionner avec très peu d'armes, pardonnez-moi l'expression, lui permettant de se protéger. Pour vous donner un exemple de l'importance des dégâts lors d'une conférence avec des enfants, il y a quelques années, avec Bonen Pioche - l'équipe de production du film La Marche de l'Empereur de Buena Vista International, un enfant dans la salle a demandé aux producteurs  : « Mais est-ce qu'il y a un comédien dans les pingouins ? »  L'enfant, quand il voit une image, voit une juste image. Et elle peut être truquée. Donc, notre démarche, en lui donnant une éducation aux médias , c'est de lui permettre une réflexion autour de l'image. Lui permettre d'être quelqu'un de libre, de critique. En lui offrant la possibilité  de faire des images, un film, on lui permet de se ménager de la distance, un regard, un esprit critique quant à ce qu'il voit. De se réapproprier son destin et d'être respecté en tant qu'individu !

Femmezine : comment avez-vous découvert cette initiative ?

J'ai découvert ce festival il y a 3 ans, en Grèce. Il existe en Serbie, en Italie, en Angleterre, à Johannesbourg. Il y en a aussi un qui est train d'émerger à Caracas . En France, cela n'existait pas. Donc, j'ai proposé aux organisateurs de le créer en France. Il s'agit d'une association Gréco-Canadienne. Le Canada est tout à fait précurseur en la matière.

Femmezine : s'agit-il d'une association humanitaire ?

Il s'agit d'une association non gouvernementale d'éducation à l'image qui n'est pas humanitaire à la base, mais qui a une vocation humanitaire à l'initiative d'un membre de  l'UNESCO ! Nous pourrions discuter de cette notion... Donc, c'est ouvert à tous les enfants en France, de 6 à 16 ans. Il s'agit de faire un film de 10 minutes. Donc, nous avons en charge de le mettre en place, de lever des fonds pour relayer l'information, de monter des partenariats avec  les écoles, et des associations sur le terrain, qui ont du matériel audiovisuel. Nous nous occupons de la l'organisation générale  pour implanter ce festival en France. Nous faisons circuler l'information, récupérons les copies, les sélections les jurys, organisons les journées de gala, présentons les oeuvres au jury en France et faisons une sélection pour l'international. Un deuxième axe est que nous souhaitons donner aux enfants issus de milieux défavorisés la possibilité d'y participer, d'être acteurs et producteurs - L'équipe de Luc Besson qui travaille sur le sujet dans la cadre de sa Fondation semble séduite par l'initiative.. . Nous vous tenons au courant des suites... Par ailleurs, ce qui nous plait beaucoup, et qui a été impulsé par Michèle Cohen, qui s'occupait des relations l'internationale au CNDP - Centre National de documentation pédagogique, c'est de présenter dans le cadre de ce festival, en parallèle, les premières oeuvres des grands réalisateurs très connus par les enfants ! J'en profite pour la remercier pour son soutien passé et à venir - Il va y avoir des grands moments d'émotion lorsque ces grands réalisateurs, producteurs, vont présenter leurs premières oeuvres aux enfants d'aujourd'hui, et avoir leur retour !

 

 

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majid57 , 29 décembre 2009
c'est une bonne idee et une tres bonne initiative
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optimist2009 , 09 février 2010
Ce message a été supprimé par Femmezine
oulacdur , 17 février 2010
bonne initiative pour des parents qui n'ont pas le temps d'aider son enfant
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cristal1 , 23 février 2010
bon idée merciiiiiii bcppppppp.......!!!!!!!!!!!!!!!!
kamais , 20 janvier 2011
faites passer l'article à l'éducation nationale!!!