Portraits de femmes

Interview Isabel Sitbon : directrice agence 6-12

Interview : suite 1

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Femmezine : Justement, qu'est ce que ça a changé pour vous de devenir maman, par rapport à tout ça ? Ces engagements professionnels ?

Je dirige une agence en conseil qui traite des sujets tels que l'éducation, la prévention,  la joie de vivre, puisque toutes nos campagnes essaient de transmettre aux enfants une certaine sérénité, dont le message essentiel est : « les adultes s'occupent de tout, veillent sur vous, vous n'avez qu'à vous soucier d'être des enfants, de jouer ». C'était un peu le thème récurrent de nos campagnes. Notamment les campagnes que nous avons faites pour l'Unicef, les enfants maltraités, les enfants soldats dans les pays en guerre. En fait, grâce à nos campagnes pour les industriels, nous avons acquis une certaine notoriété. Les associations caritatives nous ont alors identifié comme porte-parole possible de leurs causes, comme étant capables de transmettre des messages forts et de lever des fonds. Elles nous ont identifié comme de bons communicants, puisque je crois, nous avions trouvé le juste milieu en terme de communication. Passer le message mais sans culpabiliser ! Des campagnes qui excluaient par exemple le fait de dire à un enfant : « la solution, c'est que tu amènes un paquet de riz à l'école ! ». Sans citer de nom.... Mais bon... Nous, nous souhaitions passer comme message : « tu es un enfant, en France, nous voudrions te montrer ce qui se passe dans d'autres pays ». J'insiste sur le fait qu'il n'a jamais été question de culpabiliser l'enfant qui a la chance de vivre dans un pays où la liberté est plus accrue que dans d'autres endroits du monde. 

Mais aujourd'hui, force est de comprendre que ces associations caritatives ont du mal sur le terrain, donc ont fait appel à des compétences d'experts pour monter des campagnes auprès des enfants français pour leur permettre de comprendre ce qui se passe ailleurs. Ces associations ont eu besoin de monter des campagnes en France, pour des enfants français, afin de les pousser à s'intéresser à ce qui se passe ailleurs et intervenir pour la cause des autres enfants dans le monde. Pour L'Unicef par exemple, nous avons contribué aux levées de fonds pour les campagnes de vaccination en Afrique, nous sommes également intervenus pour faire connaître la cause des orphelins du Burundi. De même, la campagne du Professeur Deloche, pour qui nous avons crée: « les tirelires de l'espoir »,  avec l'autorisation de Bernadette Chirac, à travers laquelle on récoltait les derniers francs pour envoyer des hôpitaux, notamment en Thaïlande, afin de soigner les enfants atteints de malformations cardiaques.  A travers ces campagnes, tout ce vécu, on se rend compte, que quand on a un enfant, on ne peut pas rester indifférent à ce que l'on a fait jusqu'alors. On potentialise son savoir faire et on essaie de réfléchir à comment on peut élever un enfant en lui faisant comprendre toute la joie de vivre et les souffrances des autres enfants tout autour de la planète.

Donc, une fois maman, la première action qui s'est imposée à moi, c'est lorsque mon pédiatre m'a dit qu'il fallait vacciner mon enfant , j'ai pensé «  moi, j'ai les moyens de payer les vaccins mais qu'en est-il de toutes ces femmes dans le monde qui ont un enfant et pas les moyens, les sous pour vacciner leur nouveau-né ? Et là, j'ai compris la douleur d'une mère qui n'a pas les moyens de vacciner son enfant, de le sauver de la mort, cette douleur était mienne. C'est cette douleur que j'ai partagé à ce moment là, concrètement, et je me suis dit, je vais m'impliquer dans la vaccination qui est l'acte le plus proche de la naissance et qui permet à un hôpital, un état, un parent de dire : « voilà, mon enfant, je t'accueille dans le monde et je te protège ! ». J'ai proposé mes compétences à l'Unicef et nous les avons aidé avec mon équipe à la mise en place d'une édition de la campagne Brikkado, qui permettait aux enfants français de ramener leurs briquettes de lait vides à l'école, de les transformer en papier-cadeau, ce dernier servant à emballer les jouets de Noël, et avec cet argent, d'acheter des vaccins partout dans le monde. Notamment de vacciner les enfants africains contre les 7 maladies infantiles. Nous avons monté des campagnes comme ça pour tous les industriels qui venaient nous voir. On leur disait : « on achète votre produit, mais on reverse une partie pour les campagnes de vaccinations ». C'était simple : un produit acheté, un vaccin pour un enfant. On calculait le coût d'un vaccin, on mettait en place ce partenariat avec les industriels et on les achetait en grande quantité pour vacciner tout un pays d'un coup !

Femmezine : est-ce que vous avez vu une évolution des mentalités ? Est-ce que les choses ont changé depuis 15 ou 20 ans ?

La misère s'est diversifiée et a augmenté avec des priorités et des portes paroles tout à fait inégaux en puissance. Je suis très perplexe pour la suite. De campagne en campagne, ma position s'est marquée en faveur de l'éducation. C'est-à-dire, on renforce notre positionnement éducatif, bien que là, ce ne soit plus un jeu ! On n'est plus dans la thématique de pédagogie ludo-éducative, malheureusement ! Les enjeux sont autres. Je crois vraiment qu'aujourd'hui, on a fait le tour de la question et que la priorité, c'est l'éducation. Sans éducation, point de salut. Un enfant qui n'a pas reçu une éducation solide dans les premières années de sa vie et jusqu'à ses 15 ans, est un enfant qui sera la proie des croyances, de l'enrôlement et de la prison intellectuelle qui est en vente libre sur cette planète !

 

 

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majid57 , 29 décembre 2009
c'est une bonne idee et une tres bonne initiative
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optimist2009 , 09 février 2010
Ce message a été supprimé par Femmezine
oulacdur , 17 février 2010
bonne initiative pour des parents qui n'ont pas le temps d'aider son enfant
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cristal1 , 23 février 2010
bon idée merciiiiiii bcppppppp.......!!!!!!!!!!!!!!!!
kamais , 20 janvier 2011
faites passer l'article à l'éducation nationale!!!