Portraits

Patric Jean : un réalisateur engagé et optimiste, malgré tout !

Interview suite 2

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Dans votre film, on voit des femmes avouer qu'elles ont besoin « d'un homme dominant ».

« J'ai besoin ou j'accepte » disent-elles. Dans cette séquence, on est dans un lieu particulier, dans un speed dating. Il n'y en a que 3 des 7 participantes qui tiennent un discours de ce genre. Elles sont là pour « se vendre », trouver un compagnon. A mon sens, elles ont bien conscience que si leur discours est "je veux un homme qui va me considérer comme son égale", sous entendu qui partagera les tâches ménagères, que cela ne dérangera pas que je gagne plus que lui, elles resteront seules.  Elles savent que si elles mettent la barre trop haut, elles ne trouveront pas de compagnon. Elles sont conscientes de ce qu'elles disent, mais elles se montrent déjà soumises à ce rapport de domination.

N'est-ce pas une magistrale incarnation de la manière dont on les a « éduquées » depuis toutes petites ?

Pour moi, elles sont conscientes de ce qui se passe, mais elles jouent le jeu. Pour rentrer dans la norme.

Cette séquence est-elle à relier avec celle du magasin de jouets ?

Oui, et à ce directeur de magasin de jouets qui nous explique en quoi les petits garçons ont plus d'imagination que les petites filles que l'on cantonne à un rôle de princesse, et à qui l'on offre dès leurs premières années le trousseau de la parfaite ménagère.

Pourquoi avez-vous mis six ans à faire ce film ?

Les producteurs ne croyaient pas en un tel sujet, trouvaient que c'était un débat dépassé. J'ai failli abandonner l'idée de faire ce film. Et puis, il s'est finalement fait.

Pendant le tournage, anticipiez-vous les réactions négatives qui ont entouré la sortie du film ?  

L'impact d'un film est totalement imprévisible. Ce qui m'a le plus étonné, c'est le fait que les médias et les journalistes nous aient boycotté. Il y a un blocage, les portes sont restées fermées, les émissions qui touchent le grand public nous ont été interdites. Et en même temps c'est normal. Il y a une réaction aux propos du film, et il n'y pas de raison de croire que les journalistes vont écrire autre chose, le contraire de ce que ce qu'ils écrivent toute l'année. Pas de raison non plus que les gens payent un billet de cinéma pour aller s'entendre dire des choses qu'ils n'ont pas envie d'entendre. D'un point de vu systémique, c'est logique que l'on refuse une parole qui vienne contre le discours et le système ambiants.

 

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Martin (non vérifié) , 13 décembre 2009
Bravo Madame Trouve,
Vos questions sont excellentes et j'apprécie de ne pas voir Patric limité à des réponses de deux phrases comme c'est trop souvent la norme à la télé.
Le film débarque sur les écrans québécois dans six seaines et on en parle déjà beaucoup sur le Web ici.
Anonyme (non vérifié) , 21 janvier 2010
merci pour cette entrevue.
une lettre a été adressée à Patric Jean sur le site du collectif de création Les délicates attentions
nous aimerions vous en faire part.
comme c'est un peu long, voici l'hyperlien