Lettre ouverte à Depeche Mode !

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Sounds of the Universe Depeche mode album

Le groupe reprend cet automne sa tournée mondiale The Tour of the Universe

Suite logique de la sortie de leur album en avril 2009, « Sounds of the Universe », Depeche mode reprend cet automne de plus belle sa tournée mondiale « The Tour of the Universe » qui s'achèvera le 19 janvier 2010 à Paris Bercy. De plus belle... car quelques frayeurs ont entachées le debut de cette tournée, des concerts ayant été annulés au printemps dernier en raison des problèmes de santé du chanteur, David Gahan, hospitalisé d'urgence à Athènes. Les médecins lui ont trouvé une tumeur maligne dans la vessie. L'opération ayant été un succès, la tournée reprend avec flamboyance. Courez vite les voir en concert!

Pourquoi ?

Avant qu'il ne soit trop tard! ...non, c'est pour rire. Pardon David.... même si la noirceur de votre nouvel opus pouvait nous laisser augurer qu'une force sombre continuait à obscurcir inlassablement votre ciel et votre horizon, jusqu'à s'incarner dans votre propre chair. Mais pour vous, la douleur est indissociable de l'ironie, la lucidité de l'auto-dérision, celle là-même avec laquelle, dans ce nouvel album, vous vous moquez (In chains, Wrong) de votre image de narcisse damné pleurant sur son  propre malheur! Un malheur souvent consenti, voir convoqué... Et ce tout au long de votre longue carrière... Sounds of the Universe, votre nouvel album, crie au monde cette Fragile Tension qui vous habite, vous meut (nous émeut) autant qu'elle vous paralyse depuis 25 ans. Géant aux pieds d'argile rêvant à une hypothétique paix intérieure.... Géant aux pieds d'argile pourtant solide comme un roc. Car vous nous aurez tout fait, depuis tout ce temps, depuis les années 80, où délaissant avec vos 3 puis 2 partenaires, vos looks de garçons coiffeurs anglais qui en faisaient sourire plus d'un - les paris étaient ouverts à l'époque sur votre chute imminente à l'heure où le Royaume-Uni résonnait au seul son du punk rock  -, vous avez su faire évoluer votre style, votre groupe et votre musique. Plus personne ne sourit, pas plus jaune que noir, aujourd'hui, tandis que vos deux quinquas d'accolytes de Basildon et vous même, sortez votre douzième album : pertinent, humble et digne; sombre et inquiet, toujours.

Vous ne vous serez point épargné... nous non plus! De la synthpop saccadée de vos débuts aux expérimentations gothico-industrielle grand public des années 90, jusqu'au succès massif de Songs of Faith and Devotion, en 1993, vous aurez exploré, avec plus ou moins de réussite, le large éventail de la musique industrielle. Qui pourrait pourtant prétendre ne pas avoir succombé un jour ou l'autre, à cette artillerie électronique (vous vous êtes toujours entourés des meilleurs du genre, jusqu'à flirté par moment avec la musique industrielle allemande) nourrie de sueur et de larmes? Rester indifférent à votre groupe traversant les âges, les modes, les époques en réussissant ce pari incencé de toujours se régénérer, à votre charisme inouï faisant de vos fêlures un matériau musical de chair, de cris et de sang ? Bien qu'un peu égaré parfois, inégal, un peu lost in translation par moment, vous avez réussi au fil des ans et des albums, à doter votre synthé-pop sous acides des débuts, d'architectures rock et de sophystications mystico-gothiques (Ultra, 1997). Réussi à recouvrir d'un purpurin éclat les textes écrits (essentiellement par Martin L. Gore) à l'encre noir abordant vos thèmes de prédilection : la mort, la rédemption, le mal, la domination, l'ennui, le sexe, le péché, l'inceste...

Loin de l'autocaricature, avec Sounds of the Universe (2009), plus qu'un album, vous nous avez livré une nouvelle version, extansion, excroissance, de votre vision nocturne, endeuillée, inquiète du monde. Avec, cette fois-ci, une distanciation dont vous sembliez incapable à l'époque de Violator, (1990, pierre angulaire de votre discographie ayant finit de convaincre une presse encore plutôt réservée à votre sujet et réconcilié à l'époque la quasi totalité des tribus gravitant en autant de cercles concentriques autour de vous depuis deux décennies) et jusqu'il y a encore peu, Playing the Angel, votre album précédent, n'ayant pas vraiment fait l'unanimité en terme d'adhésion. Pas l'unanimité non plus à titre personnel, chez tous les fans de vous (issus de vos diverses époques et influences) cohabitant tout en se crépant régulièrement - à la sortie de chacun de vos nouveaux albums- le chignon, entre adhésion et rejet, en moi! Oui, on est beaucoup à m'habiter... Mais bon, là n'est pas le sujet du jour (plutôt celui de mon psy). Alors revenons à...

... Votre nouvel opus?

Wrong, wrong, wrong, assène votre voix sourde en fond de bruits lourds et métalliques, de percussions froides, avant d'entonner avec fureur"Je suis né sous la mauvaise étoile, dans la mauvaise maison, avec la mauvaise ascendance, j'ai pris la mauvaise route, qui m'a mené à de mauvaises tendances, j'étais au mauvais endroit, au mauvais moment...", sans relache dans le titre éponyme et le clip attenant signé Patrick Daughters, tourné à New-York en décembre 2008. Un environnement urbain nocturne, froid, humide, martial, où l'on découvre un homme assomé, masqué, prisonnier d'une voiture qui roule à l'envers, de plus en plus vite, et de plus en plus violemment, dans les dédales d'une cité désertée et hostile. Sorte de Fantômas postmoderne grimaçant, de pantin halluciné croisant au détour d'une rue, d'un trottoire, les regards inquisiteurs, sans concessions, de votre trio (Martin L. Gore, Dave Gahan et Andrew Fletcher). Allusion sans pathos au parcours d'un groupe qui a connu de sérieux dévissages et sorties de route!

Car oui, c'est inscrit dans votre biographie, cosmogonie personnelle, votre légende, pour toujours : nul ne peut ignorer le fait que, sur l'autel parfois sanglant de la notoriété, vous ayiez longtemps donné comme personne de votre personne.  Drogué à mort et las de n'être considéré au sein de votre groupe (pourtant l'un des plus grands en activité depuis 25 ans) que comme le numéro deux, votre voix que comme le porte-flingue de Martin L. Gore, ange péroxydé aux yeux cerné de plomb, se tenant derrière vous guitare à la main, dans votre ombre de géant sur scène, mais, qui, en réalité, est la grande figure tutélaire autant qu'écrasante de Dépèche Mode depuis ses débuts, imposant ses textes, ses obsessions, son monde sombre à toutes vos compositions, vous frôlez la mort à deux reprises : en 1995, vous vous tranchez les veines dans une sinistre chambre d'hôtel à Los Angeles où vous aviez disparu depuis un an, laissant vos 2 comparses orphelins, sans nouvelles. Vous êtes sauvé de justesse. L'année suivante, après une overdose, on vous déclare même cliniquement mort pendant une minute. Gore se murera dans sa tour d'ivoire. Andrew Fletcher, après avoir tenté de colmater les gouffres du groupe, tombera à son tour dans la dépression. Alan Wilder, raccrochera ses gants cette année là pour se consacrer à son projet perso, Recoil.

La musique comme catharsis

Et puis, à chaque fois, s'ensuit une rédemption. Car ce qui ne tue pas Depeche Mode le rend plus fort : le groupe se relève, sans cesse. Dans un sursaut vital cathartique, vous finissez par vous essayer à la composition, écrire vos textes, d'abord en solo (Paper Monsters en 2003 suivi de Hourglass en 2007). Puis  entouré de vos comparses. Gore, quant à lui, se met à chanter. D'aucuns n'hésitent plus à affirmer que sous vos oripeaux synthétiques, vous constituez désormais l'un des plus grands groupes de blues en activité. En Amérique du Nord, votre étiquette devient celle d'une formation underground, tandis qu'en Europe, celle commerciale des débuts vous restera longtemps collée à la peau. Sorry for that....

Le son vintage qui refait son apparition cette année dans  Sound of the Universe grâce aux synthés analogiques et autres boîtes à rythmes des années 80 est salué par la critique. Guitares saturées et synthétiseurs hors d'âge re-devenant ainsi votre marque de fabrique (à l'époque tant décrié). Cet album s'inscrivant dans un registre « électro-rock rétro-futuriste » est reconnu par beaucoup comme « le plus diversifié et le plus éblouissant » depuis des années. Certains (grincheux) ne vous aiment pas, plus... trop connus, reconnus, trop bankable (75 millions d'albums vendus dans le monde, et plus de 100 millions en incluant les singles), trop grosse machinerie, trop froid, trop sirupeux....  Personne ne peut pourtant contester le fait que peu de groupes issus des années 80 puissent se targuer d'une carrière aussi longue que la votre, sans baisse de popularité ni redite; nier le fait que vous soyiez aujourd'hui l'un des groupes les plus influents et les plus populaires nés au cours de l'ère new-wave au sein du courant électro-pop. 
Pourquoi vous?

Vous faites incontestablement partie de mon petit panier de madeleines proustiennes (comme de celui de toute ma génération, et pas seulement parce que votre nom, made in France, vous l'avez personnellement suggéré en 1979 à vos trois associés de l'époque après avoir feuilleté un exemplaire de la revue de mode française éponyme, non, pas seulement....), mais aussi parce qu'au milieu des années 80, lorsque vous avez commencé à acquérir une certaine notoriété avec vos premiers albums, j'avais 13-14 ans... et toute la vie devant moi! J'ai en mémoire vos premiers titres et vos premières interviews empêtré dans vos habits trop petits de gendre (pas tout à fait) idéal. En mémoire vos frasques, vos hauts, vos bas, et surtout votre air embarrassé lorsqu'encore récemment, en promo, tandis que 25 ans ont passés et que vous avez arpenté les sentiers scapreux et escarpés d'une vie, d'une notoriété, d'une oeuvre, fait votre chemin de croix (n'ayant rien à envié à celui des rockeurs les plus trashs), un journaliste bien inspiré vous réduisit invariablement au garçon lisse, superficiel et dandy de vos débuts, à vos premiers tubes typiques de la vague électro-pop des années 1980 en pleine période new wave....  J'avoue Dave, mes nuits de sourde mélancolie, je visionne en boucle les DVDS de ces concerts où, en transe christique et en sueur hypnotique, votre corps affuté à moitié nu, vous finissez les bras en croix recouverts de tatous en communion mystique  avec un public (aussi vaste que celui de Bercy), captivé, médusé, transi. Votre public, les vieux de la vieille, vous accompagnant comme moi (malgré quelques relaches parfois, j'avoue) depuis vos débuts, et les nouvelles générations qui vous ont rejoint. Car loin de les vampiriser comme d'autres, vous les emmenez avec vous dans votre monde unique et sans cesse renouvelé. Un monde qui est le leur. Aussi. N'en déplaise aux grincheux.

J'irai donc vous voir sur scène, près de 27 ans après nos débuts, à l'aube de mes 40 printemps.... pour me dire que la flamme est toujours bien allumée! Pour avoir un fugace instant, l'impression d'avoir à nouveau 15 ans,  de continuer ce dialogue permanent avec vous, histoire de transcender à vos côtés, une fois encore, notre middle-age crisis avec panache et modernité!

L'album : « Sounds of the Universe », avril 2009. Les dates des concerts : Lyon le 23 novembre, Liévin le 17 janvier 2010, Paris Bercy le 19 janvier 2010 !

Où se procurer l'album ? www.fnac.com

 

 

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depechegirl (non vérifié) , 08 novembre 2009
c'est très joliment écrit, j'aime bcp, je suis fan depuis mes 13 ans et ça n'est pas près de s'arrêter, mon fils de 10 ans prend la relève et je partage avec mes deux loulous ce bonheur musical et amical, car dm nous donne bcp et me permet de rencontrer tous ces fans - stayed depeched bises christelle
isa169 , 27 décembre 2009
j'adorais
et j'adore toujours
merci pour cet article
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nanousette , 04 février 2010
Bien contente que David soit guéri. 9a vaut la peine d'aller les voir
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optimist2009 , 09 février 2010
Ce message a été supprimé par Femmezine
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sandrine152 , 18 avril 2010
merci pour cet article drolement bien ecrit