La cinquantaine bien tapée, une quinqua en quête de nouveaux codes amoureux

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La cinquantaine bien tapée

Immersion dans la tête d'une quinquagénaire en plein doute existentiel.

Caro a toutes ses rides, la peau moins fine, ses premiers cheveux blancs, un deuxième  mariage de quinze ans d'âge qui joue les « belle au bois dormant » lorsqu'elle rencontre son prince charmant, Bruno de 16 ans son cadet. De quinqua bien tapée, la voilà propulsée dans la peau de « celles qui peuvent encore faire une rencontre surprise de celles qui bouleversent tout d'un coup des siècles de somnolence amoureuse » lui rappelant qu'elle est encore désirable. La voici donc qui se jette au cou de son amant, à ses pieds plus exactement, une position de « serpillère » plus ou moins confortable, plus ou moins assumée. L'occasion pour elle de faire un bilan sans concession de son parcours amoureux, de questionner la philosophie, cette matière qu'elle enseigne à des ados dans un lycée, pour essayer, là où 14 psychanalystes ont échoués, de donner un sens à ce qu'elle ressent, vit. Tenter à travers doutes, solitude, désespoir, ironie, désillusions et cocasses dialogues avec sa meilleure amie, de comprendre comment on peut « choisir la vérité » et en être aussi loin finalement? Se retrouver aussi près de la folie dans nos vies?  L'occasion de se demander qu'est-ce qu'aimer, connaître quelqu'un, vivre avec lui? De découvrir comment un adultère sur le tard peut révéler notre incapacité à nous faire du bien, à refuser la déchéance, mettre à jour cette capacité que nous avons à la convoquer, la déchéance, à basculer de son côté, faute de repères, à un moment de nos vies?

« Faut-il que se soit finalement les choses les plus infimes d'un être, un tremblement de la lèvre par exemple, qui nous le révèlent dans sa profondeur ? » nous questionne la narratrice. Loin d'être pontifiante, de nous détacher du monde, la philosophie vient ici alimenter, éclairer un questionnement au plus près de l'humain, de la vie quotidienne, de nos petites bassesses, faiblesses. Ainsi, pour Caro : « la philosophie nous hisse au-dessus de la condition humaine pour Bergson, mais pas de réponse au cul ».  La langue de ce roman est franche, directe, voire crue. Un chat est appelé un chat, par exemple lorsque l'héroïne explique à son amie d'enfance comment tailler une pipe à son mari. Est-ce un roman érotique, voire pornographique pour autant ? Non. Nous savons bien que la langue des filles lorsqu'elles discutent entre elles, à l'abri des oreilles masculines, est directe et crue, que nous appelons un chat un chat, n'en déplaise à certains hommes s'imaginant naïvement le contraire.

Caro dépassera-t-elle sa terreur atavique de se retrouver, comme « toutes ces nanas » de son âge, seule? Enverra-t-elle valser ce deuxième mari dont elle n'est plus amoureuse, cet homme avec qui elle ne partage plus qu'un territoir occupé, une certaine indifférence réciproque et de vieux souvenirs? Arrivera-t-elle à quitter Bruno son jeune et fougueux amant, cet être faible et sa frénésie sexuelle lui faisant inlassablement rechercher une multiplicité de corps de femmes jeunes ou moins jeunes, mais toutes brunes? Choisira-t-elle d'assumer son côté « serpillère », cette propension féminine à être sous la botte d'un homme tout en lui donnant l'illusion de le dominer lui permettant en retour de nous rendre responsables de toutes ses frustrations? S'installera-t-elle dans sa double vie, avec cette question corollaire : savoir ou ne pas savoir, dire ou ne pas dire l'infidélité? « C'est en écrivant que je voulais fixer et comprendre les ressorts de ma vie, de la vie » nous confie la narratrice en plein dilemne existenciel. C'est en lisant ce livre que l'on tentera de fixer et comprendre les ressorts de la vie d'une femme de cinquante ans, une femme parmi d'autres, à la fois unique et universelle, de ressentir avec elle cette réalité d'un âge en décalage avec ses véritables années, cette volonté de garder intact le désir de toute femme de rencontrer le prince charmant mais pas trop, tendre et violent à la fois, bienveillant et indifférent parfois, quelqu'en soit le prix à payer, qu'elle soit quinqua ou pas.

« La cinquantaine bien tapée », Julie Saltiel, 165 pages, Editions Denoël.

Prix : 15 euros. Commander sur Fnac.com

 

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jerestezen , 02 février 2010
ce livre me donne envie même si je ne suis pas encore quinqua
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nanousette , 03 février 2010
je pense que cette femme à tout simplement peur de vieillir et qu'elle essaye de se dire qu'elle est encore jeune et capable de bien des choses.
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rosiia76 , 04 février 2010
BIN J'en suis pas encore là moi encore 10 ans et je vous dirait lol
optimist2009 (non vérifié) , 10 février 2010
jolie paragraphe
Faut-il que se soit finalement les choses les plus infimes d'un être, un tremblement de la lèvre par exemple, qui nous le révèlent dans sa profondeur ? » nous questionne la narratrice. Loin d'être pontifiante, de nous détacher du monde, la philosophie vient ici alimenter, éclairer un questionnement au plus près de l'humain, de la vie quotidienne, de nos petites bassesses, faiblesses. Ainsi, pour Caro : « la philosophie nous hisse au-dessus de la condition humaine pour Bergson, mais pas de réponse au cul ». La langue de ce roman est franche, directe, voire crue. Un chat est appelé un chat, par exemple lorsque l'héroïne explique à son amie d'enfance comment tailler une pipe à son mari. Est-ce un roman érotique, voire pornographique pour autant
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soysick , 21 février 2010
et bien moi ce petit résumé me donne envie de le lire ........je suis une quinqua et je ne me sens pas vieille du tout .....le corps a un peu de mal à suivre mais dans la tète toujours 20ans (lol) je plaisante bien sur mais je crois que je vais vraiment me procurer ce livre ...........la langue est crue? mais c'est vrai que nous le sommes aussi parfois entre copines!!!! ne nous voilons pas la face!!! et nous sommes toutes (les célibataires) à la recherche du prince charmant quitte à passer à coté d'une belle histoire parfois........... parce que le "prince" a ou n'a pas ce petit^plus...........
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mataja , 22 février 2010
Oui ce sont des questions qu'on se pose, je n'en suis pas si loin des 50 encore 5 ans mais deja je me pose des questions et c'est vrai que la peur de finir seule fait faire bien des choses.
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hugui , 23 février 2010
vive les quinquas! A tout age on a besoin d amour,de tendresse,et pas seulement que d histoires de se sentir plus jeune car on a peur de vieillir.QQ unes avons peur de celà,oui,et alors? Le prince charmant eut arriver a tout age,qui ne connait pas des exemples?
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samsouma , 19 mars 2010
oui meme si on n'ai pas quinquena ce theme m'interesse car qui sait peut etre bien que j'aurais à me poser les meme questions à son age...
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lutinemalefik , 15 janvier 2012
Moi je suis jeune mais je trouve ce livre intéressant.